BIENVENUE À SAINT-ÉTIENNE.
Saint-Étienne est une ville de près de 180.000 habitants, située à seulement 1 heure de Lyon et 1 heure 30 de Clermont-Ferrand. Labellisé Ville Design UNESCO depuis 2010, elle raconte une histoire passionnante dès les années 1400... La chaleur de ses habitants, la richesse de son passé et son Gaga si particulier en font une ville atypique ... à l'histoire atypique.
Un point de Géographie.
À Saint-Étienne, on trouve des traces d'extraction de charbon dès le XVème Siècle. À vrai dire, on ne sait pas trop si ce charbon avait un usage réel pour l'époque. On pense que les gens du Moyen-âge s'y sont intéressés car une roche noire jaillissant à la surface de la terre... ça interpelle !
Il faudra attendre le XIXème siècle pour que l'on commence à extraire le charbon à échelle industrielle. En effet, avec la révolution industrielle, le bassin minier de Saint-Étienne va devenir l'un des plus puissant de France. Pour se rendre compte, ce bassin représente l'équivalent de l'agglomération stéphanoise, s'étendant de Firminy à l'Ouest jusqu'à Rive-de-Gier à l'Est.
Représentation du bassin houiller de la loire.
Sur le site de l'actuel Parc-Musée de la Mine, que l'on appelait Couriot, on va "foncer" (c'est-à-dire creuser) le premier puits de mine en 1850, que l'on nommera Puits Châtelus. Le charbon était un matériau très important dans la vie quotidienne du XIXème siècle. On s'en sert pour se chauffer, pour produire de l'électricité, faire fonctionner les trains à vapeur ... On va atteindre une extraction de près d'1.000.000 de Tonnes par an rien qu'à Couriot en 1950, date de l'apogée du site ! Le dernier puits de mine du bassin stéphanois fermera ses portes en 1983. Il s'agit du Puits Pigeot, qui se situe à La Ricamarie.
Au XIXème Siècle, Couriot représente 30 hectares ainsi que deux "crassiers". Dans le Nord, vous entendrez parler de "Terrils" mais c'est exactement la même chose. Il s'agit de l'accumulation des déchets de mine (les crasses). L'extraction se fait à près de 700 mètres de profondeur, que des ascenseurs rejoignent à environ 45 km/h, par tranches de 35 hommes !
La salle des pendus, ou le vestiaire des miniers...
Zoom sur la lampisterie, où les ouvriers venaient chercher leur lampe avant de descendre au fond.
Mais la mine ne serait rien sans les quelques 1.100 hommes qui descendent chaque jour au fond. Leur travail est dur, dangereux et éprouvant. Ils descendent pour 8 heures, par groupe de travail... C'est le début des 3/8. Un groupe descend le matin à 6 heures et remonte à 14h, puis le groupe de l'après midi de 14h à 22h et enfin le groupe de nuit de 22h à 6h le lendemain. La majeure partie de l'extraction se fait sur les postes du matin et de l'après-midi. La nuit est consacrée à l'entretien de la galerie et du matériel ainsi qu'à la remise au propre des structures soutenantes de la galerie.
Mais qui travaillait quand ?
Un système de jeton était mis en place pour que chacun sache quel poste occuper. Ainsi, les ouvriers du matin avaient un jeton de forme ronde, un jeton carré pour l'après-midi et un jeton triangulaire pour le poste de nuit. Chaque jeton était gravé d'un numéro unique correspondant au matricule d'un ouvrier. Sur la photo ci-contre, vous comprendrez donc que monsieur TEISSOT J. (n° 5013) occupait le poste du matin.
Entrer dans le musée de la mine, c'est parcourir près de 400 ans d'histoire minière française... De ses débuts dans les années 1830 jusqu'à la fin des activités Stéphanoise en 1983...
L'histoire ferrée en France commence en 1827. À Saint-Étienne, on ouvre la toute première ligne entre le site Couriot et Andrézieux-Bouthéon pour amener le charbon jusqu'aux berges de la Loire. Ensuite, ce charbon était chargé sur des Rambertes (du nom de Saint-Just-Saint-Rambert) qui remontaient la Loire jusqu'à Nantes. Cette ligne sera la toute première ligne de chemin de fer d'Europe ! Une certaine fierté pour le territoire.
Une trentaine d'années plus tard, dans les années 1840, c'est la ligne Saint-Étienne <> Lyon qui entre en service. C'est la première ligne de voyageur du Pays ! Elle est aujourd'hui la plus empruntée de France (hors région Île de France) avec près de 15.000 voyageurs journaliers et un train toutes les 30 minutes en moyenne.
Il faut dire qu'historiquement, il y a une grande histoire entre Saint-Étienne et Lyon, si on oublie le ballon rond pendant quelques instants... En effet, à l'époque où les Mineurs Stéphanois extraient le charbon, les Canuts Lyonnais tissent la soie. Des échanges commerciaux vont alors se faire entre les deux villes.
Avec 5 gares dans son enceinte (La Terrasse, Châteaucreux, Carnot, Le Clapier, Bellevue), Saint-Étienne est une ville qui propose une desserte particulièrement riche en terme de trains. L'infographie ci-dessous explique clairement ce qu'il en est...
Autant de gares s'explique par le simple fait que le charbon avait besoin d'être transporté... Étant donné que c'était un matériau économique et présent en grande quantité sur Saint-Étienne, c'était la solution évidente.
Par ailleurs, on retrouve les actuelles gares dans des secteurs où le charbon était extrait en grande quantité, notamment vers la gare du Clapier, de La Terrasse, de Châteaucreux ou encore de La Ricamarie ou Firminy.
Breton, Savoyard, Alsacien, Bourbonnais, Occitan ou Corse, chaque région de France a ses parlés locaux et régionaux et Saint-Étienne n'y échappe pas avec son gaga local.
C'est un patois qui tire ses origines d'une langue régionale que l'on appelait l'Arpitan. Aujourd'hui, il subsiste car les stéphanois sont très chauvin de leur région et de leur parlé. Histoire de comprendre un peu mieux ce que donnerais une conversation, je vous propose la célèbre fable de la fontaine en parlé gaga ...
Version Gaga.
Dans les bois du Pilat,
y'avait un babielle de corbeau qu'avait le babaud et barontait sur un fayard qu'était caffi de babets.
Dans une boge, y tenait une rigotte pleine d'artisons
qu'il avait du tirancher
à la Jeanne de Doizieux,
pendant qu'elle écartait son linge.
La rigotte elle était toute ébouillée,
qu'on aurait dit qu'elle venait de la gandouse.
A travers une coursière,
un renard faisait son viron
et débaroula du crassier de Méons, au pas de la manu,
en tachant moyen de remplir son gandot.
" Ça changera des racines " se dit cette jarjille !
Alors y z'attaquent une piaillée...
" - Alors mon belet, ça broge ? Tu me fais tirer peine.
- Fouilla, j'arrête pas de gueniller,
ma matrue est un vrai garagnat;
elle est toute émaselée, beauseigne,
elle arrête pas de quiner et ça me fout la lourde !
- Fouilla, mais t'es franc joli que t'as mis tes roupiannes du dimanche.
Je vais pas t'aquiger
mais si tu basseuilles aussi bien que t'es beau comme un litre,
on va te nominer le champion des raptarets de Sainté !"
Quand il entend ça,
le machuré à plume,
y se sent plus.
Il devient tout bayard
et il a les quinquets tout gonfles,
bref y prend la grosse tête.
Alors y prend un grand bol d'air,
ouvre tout grand son caquet
pour beurler quéque âneries.
Et vlan, v'là la fourme qui débaroule tout de traviole sur les barabans, miladzeu !
Le rouquin à cacasson qui voulait pas rentrer à point d'heure,
y saute sur la tomme et s'en met une pleine ventrée.
Quand il est couffle,
y se met à jabiasser et dit à l'autre badinguet,
qui en a les ébarioles :
" Pauvre badabeu, écoute moi rienqu',
quand tu broges, un tant soit peu,
dis toi qu'il y aura toujours des faramelans
qui viendront te camphrer
pour tacher moyen de te piquer tes yas ou pour chicoter
dans ton gandot.
C'est pas la peine de tauner,
ce que je viens de te piailler valait bien un mate-faim, pas ?
Alors mainant que t'es éjaillé,
fais pas la bobe que tu prendrais la lourde....
Traduction.
Lyon et sa cervelle de canut, Marseille et sa bouillabaisse, Bordeaux et ses canelés... La plupart des grandes villes françaises ont leurs spécialités culinaires, et Saint-Étienne n'y échappe pas. S'il en est une qui représente sans hésitation la capitale ligérienne, c'est bien la RÂPÉE ! D'une simplicité étonnante, on la déguste soit light avec la salade de barabans ou bien traditionnelle avec de la charcuterie (ou du saucisson à cuire) et du sarasson. Puis on termine le repas avec quelques bugnes chaudement sorties de l'huile ou un bon pâté pommes ou pâté crème pour les plus aguerris. Certes, un peu étouffe-chrétien, mais tellement délicieux !
Mais qu'est ce que je vous raconte donc ? Partons du début ...
On se rapproche plus ou moins d'une omelette aux pommes de terre, mais il n'en est rien ! La recette est simplissime :
- Râper 1kg de pommes de terre.
- Ajouter 3 oeufs.
- Mettre de l'huile dans une poêle.
- Mettre au choix :
> Des petits tas que vous aplatirez.
> Remplir la poêle.
- Laisser cuire dans l'huile.
- Saler, poivrer et servir chaud.
Il faut que les râpées soient bien dorées, croustillantes à l'extérieur et fondante à l'intérieur.
Une salade de ... pissenlit ? Oui, parfaitement ! Et dieu sait que j'en ai mangé lorsque j'étais gamin. Et que c'est bon ! Je vous conseille de les manger comme une salade lyonnaise, en remplacement de la salade frisée. Sinon vous pouvez également déguster les pissenlits tels quels, avec quelques lardons et une vinaigrette classique.
Cependant, pensez à ramasser les pissenlits avant la floraison, là où les feuilles sont encore tendre. Et lorsque vous faites votre salade... Enlevez les fleurs, ne gardez que les feuilles.
Une sorte de fromage blanc battu, nature ou agrémenté de fines herbes, accompagnant délicieusement un saucisson à cuire ou ... une râpée ! Cette spécialité est originaire de la Haute-Loire et "d’ailleurs, le mot sarasson est dérivé de baratton qui vient de la baratte. Il restait alors au fond de la baratte, le babeurre qui était chauffé à haute température et qui, une fois égoutté dans une toile, formait le baratton. Aujourd’hui, faute de babeurre, le sarasson est réalisé selon la méthode traditionnelle avec du lait caillé. Il est pressé au lieu d’être égoutté." - entretien avec les Frères Durieux, responsable de la laiterie du Forez à Savigneux, pour le journal Le Progrès.
On les appelle bugnes ou oreillettes, ces spécialités dégustées lors de mardi gras sont faites à partir d'une pâte plutôt épaisse, que l'on va découper pour en faire des "noeuds" que l'on fera frire dans l'huile.
Attention cependant à l'appellation ! Les oreillettes sont issues du la région du Languedoc, alors que les bugnes sont issues de la région Rhône-Alpes. Également, à Lyon, les bugnes sont beaucoup plus fines et craquantes alors qu'à Saint-Étienne elles sont plus épaisses et moelleuses.
Bugnes Lyonnaises.
Bugnes Stéphanoises.
On l'appelle aussi le pâté de la batteuse, en référence au fait qu'on le servait généralement pour les moissons. C'est également le dessert qui disait qu'une fille était bonne à marier si elle réussissait la confection du pâté pomme.
Cette spécialité est très locale puisqu'on la trouve en Haute-Loire, dans les campagnes ligériennes et à Saint-Étienne et dans les Monts du Lyonnais principalement. C'est un énorme chausson en forme de demi-lune, farci aux pommes (le pâté pomme) ou à la crème pâtissière (le pâté crème). Personnellement c'est cette dernière version que je préfère... Vous trouverez également le pâté avec d'autre garniture : poire, cerise, frangipane...
La réalisation est assez simple : faites une pâte brisée sucrée que vous étalerez de manière assez fine. Ensuite, réalisez une compote grossière avec les pommes (il faut qu'il reste des morceaux) ou bien une crème pâtissière. Étalez la garniture sur la moitié de votre rond de pâte en laissant un rebord d'environ 2 cm. Pour finir, rabattez la moitié haute du pâté et soudez les bords (que l'on appelle également trottoirs par chez nous) en faisant un ourlet, n'oubliez pas de faire un trou pour laisser échapper la vapeur d'eau à la cuisson. Enfournez pendant une quarantaine de minutes (+/- 10 minutes selon la taille du pâté) à 180°C. Dégustez encore chaud ou tiède, accompagné d'une boule de glace.
Je vous laisse en compagnie des carnets de Julie qui va en réaliser un avec Mireille dans les Monts du Lyonnais. Dans cette région, le pâté a une forme rectangulaire et non de demi-lune.
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